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À l'école de Braize de 1936 à 1963

Premiers contacts

Ecole de Braize en 1880 Ecole de Braize dans les années 1880

J'y suis entré à reculons en octobre 1936 pour ne la quitter vraiment qu'aux « Grandes Vacances » de 1963...avait-elle beaucoup changé pendant cette longue période ?

1936-1937 : le Cours préparatoire ne me laisse guère de souvenirs, sinon celui de ma méthode de lecture « La Lecture en riant » ; Toto Lili, la vache Mumu...je revois aussi de grands élèves peu disciplinés ; dirait-on aujourd'hui des délinquants ?

Promotion 59-60

Mais une nouvelle maîtresse allait arriver...et l'ordre se rétablir : ma scolarité en fut marquée et sans doute pas uniquement la mienne ! Un silence absolu régna en classe, sauf à copier 50 fois « je ne dois pas laisser tomber mon crayon » ou autres sentences. Mamie Solange fut même punie dès le matin de sa première rentrée pour cause de chiffre 1 au sommet arrondi !

Page de lecture
Une page de lecture

La cour de récréation devint un havre de calme, avec des jeux souvent imposés, tels « la marelle » à la belle saison et « le petit train » pour nous réchauffer en hiver. Quant aux ex sauvageons, certains gardent encore le souvenir du bac qui recueillait les eaux de pluie et qui calma parfois leurs velléités de récidive ! La Commune entière se mit à l'unisson car notre institutrice faisait également fonction de secrétaire de Mairie. Une anecdote familiale souvent évoquée : notre oncle, après son succès au Certificat, se crut autorisé à quelques écarts de conduite. Alors que la maîtresse écrivait au tableau, il commença à imprimer un mouvement de balancier à sa table...mal maîtrisé ce mouvement et la table bascula par-dessus ses deux occupants, encriers compris. Un véritable désastre : 1000 lignes, doublées puis triplées pour non exécution ; à 5000, la maman jugea que son rejeton serait plus utile aux travaux de fenaison, mettant un terme anticipé à des études prometteuses.

Mais les résultats suivirent : dictées...problèmes...analyses...cartes...dates...Après le « Certificat d'études primaires », l'institutrice convainquit mes parents de me « faire poursuivre mes études » au Cours complémentaire, puis au Lycée de Saint Amand.

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Ecole de Braize en 1958 L'école de Braize en 1958

C'est pourquoi je me retrouvais dans mon ancienne école à la rentrée 1953, sans avoir sollicité ce poste, il est vrai. Mêmes locaux, même mobilier, mêmes manuels scolaires, à quelques variantes près.

Sans doute celui qui accueillait la classe à sa création, le bâtiment principal m'avait toujours intrigué avec son inscription « Prie et Travaille » gravée au-dessus des ouvertures du rez-de-chaussée : une école construite après les lois laïques de Jules Ferry !

La réponse est venue, il y a peu : une plaque apposée lors de son inauguration a été retrouvée dans des archives et mon école datait en fait de 1869. Cette inscription n'existe plus, supprimée dans les années 1950, après des marchandages concernant l'utilisation des fonds dits « Barangé ».

Plaque d'inauguration
Plaque d'inauguration de l'école

La disposition de la salle de classe restait immuable : mon bureau (ma table) trônait toujours, face aux quatre rangées C.P, CE, CM et CFE. Lors de ma première Conférence pédagogique à Cérilly, M. l'Inspecteur primaire recommanda un peu de dissymétrie. Les élèves du Cours préparatoire exécutèrent donc une rotation de 90° vers un petit espace réservé au fond de la pièce. Il y eut bien des difficultés pour installer le tableau noir qui n'était pas encore muni d'un support mobile ; mais ce déménagement se révéla plutôt judicieux : les « répétiteurs » de la « Grande Division » bénéficièrent de plus d'autonomie pour se consacrer à leurs jeunes élèves...ainsi fonctionnait souvent la classe unique !

Quant aux livres, ils furent peu à peu actualisés. Le premier à disparaître fut « Ma Lecture en riant »...sacrilège !... « Il faudrait tout de même en changer » avait conseillé M.l'Inspecteur, lors de sa première visite, après m'avoir fait remarquer que cette méthode syllabiques entraînait des prononciations douteuses « Lili va à la ga reu !»

Page de sons
Le mur du son

A la rentrée suivante, je dus apprendre à remplacer au tableau noir les dessins de Toto et du Gros René par ceux du Chaperon rouge et du Loup...

Mais les effectifs de notre classe unique augmentaient régulièrement et, à l'automne 1956, M. l'Inspecteur (pas le même) nous fit part de son intention de créer un deuxième poste d'instituteur. Stupéfaction de M. le Maire et de son Conseil municipal !...études, contre études : il s'avéra impossible de construire un deuxième local en si peu de temps. On découpa donc la salle en deux parties, plus un couloir...le tout pour accueillir 56 enfants littéralement juchés les uns sur les autres. Après d'interminables atermoiements, il fut finalement décidé de construire un deuxième bâtiment, symétrique, tel celui qui abrite maintenant la Mairie. C'est alors qu'après la classe du soir, je reçus la visite d'un couple inconnu : « J'aimerais consulter les plans de la future classe, m'annonça le Monsieur. »...C'en était trop : « Ah non on ne va pas recommencer...et puis ça ne vous regarde pas !-Mais si, mais si je suis l'Inspecteur d'Académie »...la honte !...mais M.l'Inspecteur d'Académie n'appréciait pas la symétrie et nous obtînmes donc le bâtiment préfabriqué qui existe encore. Il faut lui reconnaître l'avantage d'avoir été opérationnel dès la rentrée suivante.

Page d'écriture Page d'écriture

Et la Pédagogie dans tout ça ? J'ai entendu (et vu) louer les avantages de la « Classe unique »...mettez-y un instituteur débutant en présence de 46 élèves : le scénario d'une production cinématographique à succès !

 

Promotion 59-60
Promotion 59-60

Il fallait surtout préparer le « Certificat d'études » ...et obtenir des résultats. A cette époque, pour l'épreuve de rédaction, les candidats avaient le choix entre le sujet classique et une lettre ; les modèles de lettre tentaient les moins doués ! Cette année-là, il fallait répondre à la petite annonce d'un couple qui avait perdu son chien. Un de mes élèves, après avoir expliqué qu'il venait de retrouver l'animal, termina sa missive par cette formule de politesse qui avait dû lui plaire : « Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me remercier d'avoir hébergé votre chien pendant quelques jours. », conclusion qui lui valut le prix de français du jour...allez prétendre que les examinateurs manquaient d'humour !

Sujet du certificat
Sujet du certificat d'etudes

L'allée des Templiers

Pour conclure, je voudrais évoquer une énigme, commune à l'écolier et à l'instituteur : notre maîtresse, lors d'une des classes promenades hebdomadaires, nous fit emprunter « l'Allée des Templiers ». Cette allée, large d'une dizaine de mètres et bordée de deux profonds fossés, nous en trouvions la trace au lieudit Les Ravaux, après La Mimonerie ; elle se poursuivait, plus ou moins distinctement jusqu'à Montaloyer. Avec ma classe, j'ai recherché en vain ce chemin perdu ; mais, près du « Chêne de Montaloyer », nous avons retrouvé récemment les deux fossés bien visibles. L'Allée des Templiers n'était-elle que le fruit d'une imagination ?...j'aimerais plutôt qu'elle soit un vestige d'une Voie romaine, surveillée depuis la Motte du Mamelon, longeant le Pas de la Mule (le gué ?), puis une ancienne Villa gallo-romaine, et l'Eglise templière avant de se diriger vers Montaloyer...on a suffisamment découvert des tessons de poteries et de tuiles romaines près des nouveaux étangs pour rêver !

L'allée des Templiers
L'allée des Templiers

Séquence Inauguration

La plaque apposée à l'occasion de la construction de l'école en 1869 a retrouvé sa place à la rentrée 2006, à l'initiative du Maire, M. Guy Lalevée.

Plaque de l'école en 2006
Plaque de l'école en 2006


Sur les murs de la classe et dans les cahiers


Subventions pour la construction des écoles de l'Allier (1869)


Comment apprendre à compter jusqu'à 10



Volumes, capacités, poids


Instruction civique et anatomie



La tendresse des grands-parents


Afrique: les posessions en 1930 - France: les chemins de fer



L'industrie Bourbonnaise


A quelle heure les deux trains vont-ils se croiser ?



L'appareil digestif de la poule


La Loire et ses affluents



Tableau de la civilisation


Le département de l'Allier


Jean-Jacques Martin